InFOrmation syndicale

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15 mars 2010

FACE AUX PATRONS, UNE SEULE SOLUTION : SYNDIQUONS !


INTERVIEW :
Gérard Caillaud, secrétaire,
Miguel Cortes,
trésorier

Syndicat départemental des transports


L'Ouest Syndicaliste : C'est à nouveau l'effervescence et le bras de fer entre salariés et patrons routiers. Le 14 décembre 2009 avait pourtant été signé un protocole d'accord dit de "modernisation sociale du transport routier de marchandises" entre syndicats d'employeurs et de salariés. Alors que se passe-t-il donc aujourd'hui ?

Miguel Cortès : Pour le comprendre, il est nécessaire de revenir sur le contexte de la signature de cet accord national de décembre 2009. Environ 500 000 salariés sont employés dans le secteur transport de marchandises et logistique. Avec des conditions de travail généralement aussi dures que les salaires sont bas. Depuis mai 2009, les discussions de branche piétinaient, le patronat restant sourd aux revendications. Après 2 années blanches côté augmentations de salaires, nous revendiquions 4% de revalorisation tant des salaires que des frais de déplacement, la mise en place obligatoire de mutuelles d'entreprise, ainsi que d'une grille d'ancienneté identique et d'un 13ème mois pour tous. Comme il fallait en passer par l'épreuve de force pour vaincre l'intransigeance patronale, l'intersyndicale FO-CFDT-CFTC-CGT-CGC lança un préavis de grève illimitée à compter du 13 décembre 2009, menace lourde d'un blocage économique du pays (et en premier lieu des centrales d'achat) à la veille des fêtes de fin d'année.

Gérard Caillaud : La météo sociale française était alors assez explosive, le gouvernement voulait à tout prix éviter de se voir confronté à une grève générale des routiers, d'autant qu'il reconnaissait lui-même la légitimité de nos revendications et n'ignorait pas le soutien dont elles bénéficiaient dans l'opinion. Alors, en sa qualité de secrétaire d'Etat aux transports, M. Bussereau convoqua les organisations patronales à une table de négociation, y déposant lui-même 100 millions d'euros d'allégement de charges, escomptant qu'en contrepartie les patrons accepteraient de desserrer un peu l'étau salarial. Mais promptes à encaisser ce cadeau de 100 millions, la plupart des organisations patronales refusaient cette contrepartie salariale. Finalement un protocole d'accord put être conclu entre l'intersyndicale FO-CFDT-CFTC-CGT-CGC et une (seule) organisation patronale, TLF (Fédération des entreprises de transport et logistique de France). Nous avons ainsi obtenu entre 2,9 et 4% d'augmentation selon les coefficients, 3% de plus pour les frais de déplacement, et des "états généraux" (la terminologie certes n'est pas celle préférée de Force Ouvrière, mais il faut faire avec) en vue de revoir notre convention collective et de généraliser le 13 ème mois.

Miguel Cortès : Comme l'a dit Gérard, hormis TLF signataire de l'accord, toutes les autres organisations patronales (la FNTR, l'UNOSTRA et OTRE) y étaient hostiles. Farouchement hostiles. Et elles sont alors parties en guerre en criant à l'asphyxie financière des entreprises, des plus petites en particulier. Mais on a vu de plus, des affiliés à TFL, tel le groupe Norbert Dentressangle, l'un des leaders du transport logistique, quitter sur le champ avec fracas TFL pour rejoindre la FNTR. Du coup, le secrétaire d'État aux transports, pour éviter le torpillage de l'accord du 14 décembre par les syndicats patronaux hostiles (... et donc aussi et surtout éviter par ricochet la grève générale des salariés du transport...), annonça, sitôt le protocole d'accord signé, que ce dernier "serait étendu à toute la profession, et que les entreprises, signataires ou non, l'appliqueront dès le début 2010." D'où la publication au Journal Officiel du 20 février 2010 de l'arrêté d'extension de "l’accord du 14 décembre 2009 portant revalorisation des rémunérations conventionnelles dans les entreprises du transport routier". Et depuis lors, c'est le branle-bas de combat dans bien des boites, où les patrons n'entendent rien lâcher sur les salaires.

- O.S : Ils ne peuvent pourtant pas se soustraire à l'arrêté d'extension de l'accord du 14 décembre 2009...

Gérard Caillaud : Non, mais certains employeurs, tous heureusement ne sont pas en cause, ont trouvé la combine, basée sur le rapport des forces patrons-salariés dans pas mal d'entreprises, pour reprendre d'une main ce qu'ils sont contraints à lâcher de l'autre. Leur arme : à l'occasion des NAO 2010, ils menacent d'abaisser le nombre d'heures supplémentaires contractuelles. Les heures sup' sont majorées de 25% au-delà de 152 heures/mois, ce jusqu'à la 180ème, puis de 50% au-delà de la 180ème. Mais notre convention collective autorise désormais le décompte des heures sup' tant sur la base mensuelle traditionnelle que sur une base trimestrielle ou même quadrimestrielle. Donc certains patrons de combat assez retords jouent de cette facilité pour s'exonérer (ou menacer de s'exonérer) du payement des heures supplémentaires mensuelles, en les noyant dans un décompte plurimensuel où les mois de sous-activité viennent écrêter les heures sup' effectuées les mois où les collègues passent toute leur vie sur la route. La propension patronale à jouer sur la plurimensualité du décompte des heures supplémentaires à payer in fine au salarié est d'autant plus forte que le ralentissement de la conjoncture économique leur en donne l'occasion. Moins de demande des consommateurs, des usines tournant au ralenti, ça engendre des baisses d'activité, voire des temps morts dans le transport routier, et ça peut fournir un prétexte providentiel aux directions d'entreprises pour ne pas avoir à payer les heures sup' effectuées certains mois eu égard aux faibles temps de conduite enregistrés le mois précédent ou le mois suivant. De plus, dans bien des entreprises soucieuses de rentabilité à tout prix, on observe une tendance à mettre toujours davantage la pression sur leurs salariés, de plus en plus stressés, car taillables et corvéables à merci. C'est d'ailleurs pourquoi on voit toutes les semaines arriver à la Bourse du travail des collègues désemparés, qui ne s'étaient jamais auparavant soucié de syndicalisme. - O.S. : Que leur dîtes-vous?

Gérard Caillaud : Que la seule solution c'est la syndicalisation, et si possible là où il n'en existe pas encore, la création d'une section FO dans l'entreprise, afin d'organiser le rapport de force face à l'employeur. FO d'ailleurs consolide ses positions. Notre récent succès aux élections professionnelles aux messageries Heppner (69 salariés sur les sites de Thouaré et Bouguenais) en est la dernière illustration. Devançant la CGT, FO obtient 58% en DP et 68% en CE.